Un Vendéen parle
Il n’a pas la langue dans sa poche.
Philippe de Villiers, bien connu pour avoir monté le Puy du Fou, s’exprime sur cette étrange maladie du coronavirus et ses conséquences religieuses où les évêques, chiens muets, tels des serruriers sans Foi, ferment les portes des églises.
« Depuis le week-end dernier, les catholiques ne peuvent plus assister à la messe. Qu’avez-vous pensé de la décision de fermer les portes des églises ?
« C’est une rupture allégorique de civilisation et aussi un renversement symbolique de tous les paradigmes de la chrétienté millénaire. Jadis, quand il y avait un grand malheur dans la cité, jusqu’à Paul Reynaud en 1940 qui alla à pied réclamer un miracle à Notre-Dame, on se précipitait dans les églises. Les curés se promenaient avec le Saint Sacrement, aspergeaient les rues et les malades, les appels à la prière étaient partout.
Saint Louis, à Royaumont, apportait lui-même à manger au frère Liger, qui était un lépreux décharné et sur le visage duquel voyageaient toutes les répugnances de la nature. C’était peut-être excessif mais c’était beau. C’était enté sur l’idée que la vie est un mystère qui nous est confié en dépôt. La religion était centrale. Elle est périphérique.
Aujourd’hui, les communiqués épiscopaux ont revêtu à leur tour la phraséologie du commun : « La Santé est le premier de nos biens communs ». Il y a même des évêques qui viennent d’interdire aux personnes âgées de plus de 70 ans de participer aux enterrements. On enterre à la pelle, plus au goupillon. Et Lourdes ferme ses portes. Il n’y a plus de miracle. On ferme la grotte, on éteint les cierges. On confine Bernadette.
Renversement de perspective qui ne sera pas sans conséquence. Foin de la piété populaire et des cierges de supplication.
Quand on entend les appels à de nouvelles vocations, je me dis par-devers moi : une Église qui ferme ses églises ne peut susciter qu’une sorte de vocation : la vocation de serrurier. »
Interview de Philippe de Villiers par Valeurs Actuelles
18 mars 2020