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L'Oraison

Chers croisés et Chevaliers
Mgr Lefebvre- l oraison - copie-page-001

1) Définition

 

 L’oraison mentale est celle où l’esprit et le cœur s’appliquent aux choses de Dieu sans le secours de paroles. Elle prend suivant le cas, le nom de méditation ou de contemplation.

 

2) Division

 

a) La méditation est la considération raisonnée d’un sujet de piété pour conduire à la Foi et à l’Amour de Dieu.

           Elle est très utile à la vie chrétienne, et nécessaire pour le progrès spirituel.

b) La contemplation est l’élévation de l’âme vers Dieu par simple regard jeté vers le Ciel et ardente affection. Elle diffère de la méditation en ce qu’elle ne procède point par voie de raisonnement.

On distingue :

- la contemplation ordinaire, ou celle à laquelle le juste peut se disposer, avec le secours de la grâce, par sa propre activité surnaturelle, sans toutefois qu’il puisse la mériter, si ce n’est peut-être d’un mérite de convenance ;

- la contemplation extraordinaire, ou infuse : celle qu’on ne peut acquérir par aucune disposition, parce qu’elle est une grâce gratuitement donnée.

 

L’union avec Dieu dans la vie contemplative diffère de la béatitude éternelle en ce qu’elle est moins intime et moins parfaite, et qu’elle est transitoire et on peut la perdre par le péché.

On reconnaît qu’une contemplation extraordinaire est suspecte, à l’absence de charité, d’humilité et d’obéissance.

 

3) Actes de l’âme dans ce mode de prière

 

On trouve généralement cinq sortes d’actes principaux, dans ce type de prière :

          - les devoirs de religion qu’on rend à Dieu, ou à Notre Seigneur Jésus Christ ou aux Saints ;

          - des considérations sur Dieu et nos rapports avec lui, pour nourrir et fortifier notre Foi ;

          - des retours sur soi-même pour constater où nous en sommes dans la pratique des vertus, développer l'humilité et nos résolutions ;

          - un Amour simple de présence aux merveilles de Dieu.

On y trouve essentiellement Foi, Espérance et Charité.

Quand les âmes avancent en perfection, leur oraison se simplifie et consiste parfois en un simple regard affectueux, comme nous l’expliquerons plus tard.

 

4) Avantages

 

          La méditation est très utile au salut de notre âme et pratiquement nécessaire pour avancer dans la perfection.

 

          1) Elle nous détache du péché et de ses causes. Si nous péchons en effet, c’est par irréflexion et faiblesse de volonté. Or la méditation corrige ce double défaut.

          a) - Elle nous éclaire en effet sur la malice du péché et ses effets, ce qu’a fait Jésus pour expier le péché.

              - Elle nous détache aussi du monde et de ses faux plaisirs : elle nous rappelle la fragilité des biens temporels, nous prémunit contre la corruption du monde, et nous fait comprendre que Dieu seul peut faire notre bonheur.

              - Elle nous détache surtout de nous-mêmes, de notre orgueil, de notre sensualité, en nous mettant en face de Dieu, qui est la plénitude de l’être, et de notre néant.

 

          b) Elle fortifie notre volonté en guérissant peu à peu notre inertie, notre lâcheté et notre inconstance : les actes de regret, de contrition et de ferme propos que nous formons pendant l’oraison, avec les résolutions que nous y prenons, sont déjà une coopération active de la grâce. Surtout, notre vie en est animée par la Charité.

 

 

          2) Elle nous fait aussi pratiquer toutes les grandes vertus chrétiennes :

           a) Foi, Espérance et Charité

          b) mais aussi prudence par les considérations qu’elle nous suggère avant d’agir, justice  en conformant notre volonté à celle de Dieu, force  en nous faisant participer à la puissance divine, tempérance  en calmant l’ardeur de nos désirs et de nos passions.

 

          3) Ainsi elle prépare notre union et même notre transformation en Dieu. C’est en effet une conversation avec Dieu, qui devient chaque jour plus intime, plus affectueuse et plus prolongée : car elle se continue, au milieu même de l’action tout le long du jour.

 

5) Sujets

 

Il faut méditer, d’une façon générale, sur tout ce qui peut inspirer une horreur croissante du péché, sur les causes des fautes, sur la mortification qui y porte remède, sur les principaux devoirs d’état, sur le bon usage et l’abus de la grâce, sur Jésus modèle des pénitents.

 

 

On distingue les sujets d’ordre dogmatique et ceux d’ordre moral. Mais dans chacun des sujets suivants, il peut y avoir interférence.

 

a) les mystères de notre Foi, pour augmenter cette Foi, notre adoration, notre action de grâces, et la gloire de Dieu.

          Certains attributs divins : son immensité, sa sainteté, sa justice qui le châtie, sa miséricorde.

 

b) sur la fin de l’homme et sa condition et, par conséquent sur la création et l’élévation de l’homme l’état surnaturel, la chute et la rédemption ; sur les droits de Dieu, créateur, sanctificateur et rédempteur ;

 

c) le péché lui-même : son origine, son châtiment, sa malice, ses effets, sur ses causes (la concupiscence, le monde et le démon). Sur les moyens d’expier et de prévenir le péché, la pénitence, et la mortification de nos diverses facultés, de la fragilité de notre nature.

 

d)  la grâce, l’habitation du Saint Esprit dans notre âme, notre incorporation au Christ, les vertus et les dons.

 

e) Il faut aussi méditer successivement sur tous les devoirs positifs du chrétien :

          1) devoirs généraux de religion, de charité

          2) devoirs particuliers, en rapport avec l’âge, la condition, l’état de vie (vus selon l'ordre divin)

 

f) Jésus comme modèle des autres vertus, ou objet de notre amour.

6) Difficultés

 

Les difficultés spéciales de la méditation viennent de l’inexpérience, du manque de générosité et surtout des nombreuses distractions auxquelles nous sommes sujets.

 

a)     Pour parer à l’inexpérience, nous sommes exposés à transformer notre méditation en une sorte de thèse philosophique ou théologique. Ce qu’il y a de plus important dans l’oraison, ce sont les actes de la volonté, qui par les vertus théologales s'adresse à Dieu comme à "Quelqu'un".

 

b)    Le manque de générosité

          —> pour s’y mettre

          —> pour y rester

          —> pour ne pas se décourager quand on est plus soutenus par les consolations sensibles (donc pour s’y “remettre”), les premières sécheresses rebutent. Ce que Dieu nous demande, c’est l’effort et non pas le succès, c'est la générosité de notre don.

 

c)     Mais le plus grand obstacle vient des distractions :

           1) Il faut rappeler d’abord la distinction entre les distractions volontaires et celles qui ne le sont pas. Il faut repousser promptement, énergiquement et constamment les distractions, dès qu’on en a conscience. Au besoin il faut utiliser un livre pour mieux fixer son attention.

           2) Ce n’est pas assez de repousser les distractions, pour en diminuer le nombre, il importe de s’attaquer à la cause. Or beaucoup de distractions viennent du manque de préparation ou de la dissipation habituelle.

 

7) Méthodes d’oraison

 

AU-DELÀ DES MÉTHODES, C’EST TOUJOURS LE CONTACT AVEC DIEU QUI PRIME DANS LA FOI, L’ESPERANCE ET LA CHARITÉ.

 

Dans les diverses méthodes, on retrouve un certain nombre de traits communs, qu’il importe de signaler, parce qu’ils sont évidemment les plus importants.

 

a) Une préparation immédiate consiste à se mettre en présence de Dieu, présent partout et surtout en notre cœur, et à implorer le secours du Saint Esprit pour suppléer à notre insuffisance.

          NB c'est parfois le plus long, et il faut recommencer souvent au milieu de la méditation. 

 

b) Le corps de l’oraison, avec des considérations diverses, des élans d'Amour envers Dieu et le recours aux actes de la Foi, de l’Espérance et de la Charité.

 

 

A- Lecture méditée : Elle consiste à suivre un texte spirituel ou une prière et à s’attarder un temps variable, suivant l’inspiration sur chaque membre de phrase.

 

B - Saint Ignace I :

          1) Préludes : préparation avec composition de lieur et grâce à demander (cf. // avec le rosaire)

          2) Corps de la méditation ; on exerce : - la mémoire

                                                                                                    - l’intelligence

                                                                                                    - la volonté

          3) Conclusion :   colloques

 

 

C - Saint Ignace II :

          idem... mais sur des scènes de la vie de NS, on regarde personnes, paroles, puis actions.

 

NB sur le Rosaire : sa méthode de méditation est proche des préparations de Saint Ignace :

          - composition de lieu

          - fruit du mystère = Grâce à demander

 

 

D - La contemplation

 

La contemplation est une simplification du contact avec Dieu. Elle est un simple regard, une simple présence, une affection simple envers Dieu.

Ainsi donc cette oraison comprend deux actes essentiels : regarder et aimer ; regarder Dieu ou quelque objet divin en vue de l’aimer, et l’aimer pour le mieux regarder.

 

 

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Plan général de l’oraison

 

Introduction à l’oraison

Me recueillir

Me mettre en la présence de Dieu

L’adorer

Reconnaître mon néant

Demander à Dieu lumière et amour

Accepter peines et aridité

 

 

Corps de l’oraison

Croire

 

Méditation contemplative

Considérer le mystère (regard de foi)

Affermir ma conviction :

  • en sa réalité

  • en sa grandeur

  • en son efficacité pour moi

Voir l’amour de Dieu qui y est manifesté

Renouveler des regards sur Dieu en moi

 

 

Simple contemplation

Si la lumière se dérobe : méditer, oraisons jaculatoires, prendre patience

Si une lueur se fait : regard de foi, silence

Si Dieu donne sa lumière : l’accepter humblement, la dépasser par son centre

 

Espérer

Désirer ce que la foi montre

Demander ce que je désire

Avoir confiance de l’obtenir

Me réjouir – joie de volonté – en Dieu

M’abandonner au Bon Plaisir de Dieu

 

Aimer

Étreindre par le cœur ce que je désire en Dieu

Me reposer en la Source de tout bien et L’écouter

Me donner sans réserve

Communier à la Plénitude qui est en moi

Rayonner en silence

 

 

Conclusion de l’oraison

Remercier des grâces reçues

Regretter le mauvais profit

Demander à Jésus d’y suppléer

Offrir les mérites de Jésus et des saints

Désirer réparer par l’esprit d’oraison

Désirer rayonner par l’exemple

Résolutions particulières

L'Oraison
Pratique de la vertu de religion

Mgr Marcel Lefebvre : Itinéraire spirituel, p. 41 - 43

 

PRATIQUE DE LA VERTU DE RELIGION
LIEN ESSENTIEL ENTRE LA VIE SAINTE ET LA VIE D'ORAISON

 

"Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth".

Si Dieu est la sainteté même, si nous chantons de Notre Seigneur qu'il est seul Saint "Tu solus sanctus", c'est que de Dieu vient la source de toute sainteté et que c'est dans la mesure où nous nous unissons à Dieu et à Notre Seigneur que nous serons saints.

Or comment se réalisera concrètement cette union à Dieu ? Sous l'influence de la grâce de l'Esprit-Saint. Cette union à un nom : la prière, "oratio".

En approfondissant et la nature de la prière et son extension dans notre existence humaine et chrétienne, nous aurons la conviction que la vie profonde de l'esprit créé et racheté doit être une vie de prière continuelle.

Tout esprit angélique ou humain est ordonné à Dieu par sa nature spirituelle, par son intelligence et sa volonté, et gratuitement ordonné par la grâce à entrer dans la participation de la béatitude éternelle de la Trinité Sainte.

Tout esprit est donc premièrement religieux et sa vie religieuse se manifeste par la prière, vocale, mentale, spirituelle.

La prière vocale, qui comprend toute la prière liturgique, instituée par Dieu lui-même, et par Dieu incarné, et façonnée par l'Esprit-Saint spécialement dans la liturgie romaine, est la source et l'expression la plus sublime de la prière mentale et de la prière spirituelle.

La place de cette prière dans la vie du prêtre est considérable. La négliger, la limiter, la rendre superficielle, c'est ruiner la prière essentielle, la prière spirituelle, à laquelle la prière vocale est ordonnée par l'Esprit-Saint.

Il est bon de lire à ce sujet ce que pensent les auteurs spirituels comme le Bienheureux de Montfort dans sa "Prière embrasée" (Œuvres compl. p.673) ou le Père Emmanuel dans son "Traité du ministère ecclésiastique" (L.I C.V; L.II C.III; L.III C.VII; L.IV C.VII) ou Dom Marmion dans "Le Christ, Idéal du Moine" (C.XIII, L'oraison monastique) - ce chapitre est remarquable, et sanctifierait tous les prêtres si ces conseils étaient vécus -, enfin Dom Chautard dans "L'Âme de tout Apostolat" (p.199 : L'oraison, élément indispensable de la vie intérieure).

Tous les saints ont pratiqué la vie d'oraison qui est à la fois un effet et une cause de la sainteté. Beaucoup ont écrit sur ce sujet, en particulier sainte Thérèse d'Avila, saint François de Sales.

C'est qu'ils avaient une conception très étendue de cette vie de prière qui atteint et la volonté et le cœur, et qui réalise ainsi la fin pour laquelle Dieu nous a créés et rachetés : adorer Dieu dans une offrande totale de nous-mêmes, à l'exemple de Notre Seigneur venant en ce monde et disant à son Père "ecce venio ut faciam voluntatem tuam: voici que je viens pour faire ta volonté..."

La conception de la prière se limitant à la prière vocale ou mentale serait une désastreuse conception de la prière, qui doit concerner tout notre être, comme la prière des anges et des élus du Ciel. On ne peut pas séparer les demandes du "Pater". Les trois premières demandes sont liées indissolublement. On ne peut pas séparer le premier commandement de Dieu des autres commandements.

"Ignem veni mittere in terram et quid volo nisi ut accendatur : Je suis venu jeter le feu sur le terre, et quel est mon désir, sinon qu'il s'allume" (Lc. XII, 49). Le feu c'est l'Esprit-Saint, l'Esprit de charité qui remplit la Trinité Sainte et qui a créé des esprits pour les embraser de cette charité.

Cet embrasement c'est l'oraison de toute l'âme adorant son Créateur et Rédempteur, et se livrant à sa sainte volonté à la suite de Jésus crucifié, offrant sa vie dans un élan de charité envers son Père et pour sauver les âmes.

D'où le "oportet semper orare" ; si cette prière cessait, cela signifierait que l'Esprit-Saint nous a abandonné !

Puissions-nous vivre cette oraison ardente de la volonté et du cœur d'une manière constante même dans l'activité absorbante de l'apostolat, qui ne doit jamais nous absorber au point d'empêcher notre volonté et notre cœur d'être à Dieu ! Puisse notre apostolat être un aliment de cette offrande à Dieu !

Cette attitude profonde de notre âme si conforme à sa nature et à la grâce, mettra en elle un désir de silence et de contemplation qui pourra se réaliser dans les exercices communs et privés de piété. Notre vie spirituelle y trouvera son unité, sa pérennité, sa paix vraiment chrétienne.

Ces brèves considérations ouvrent des horizons sur la réalisation de la volonté divine dans notre vie quotidienne, c'est l'introduction dans ce programme de notre sanctification, qui sera la trame de notre vie sacerdotale.

"Elegit nos in Ipso, ante constitutionem mundi ut essemus sancti : C'est en Lui qu'Il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints." (Eph. I, 4)

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