Les forts et les faibles
par le R.P. Calmel O.P.
« Va-t’en vite par les places et les rues et amène ici les pauvres, les estropiés et les boiteux. »
Une âme faible est habitée par la misère. Là où le fort est de plain-pied, le faible est hésitant et tremble de peur. Là où le fort se met en colère et oublie, le faible n’ose rien dire, mais il n’en finit plus de ravaler sa colère ; là où le fort est libre et se meut avec aisance, le faible est accaparé, occupé péniblement, il n’est guère disponible pour autre chose. Enfin parce que le faible se sent croulant et incertain il essaierait facilement de se donner du courage par des rêves de vanité et d’orgueil. Et il risque d’être jaloux de ceux en qui il devine plus de facilité d’adaptation ou plus de chance. Mais ces ressentiments, cette peur, ces tortures causées par des préoccupations infimes, cette vanité, cette jalousie, que sont-elles en réalité ? De la misère psychologique en même temps que du péché. C’est de la misère au sens propre du terme : c’est-à-dire quelque chose de fatal et de pitoyable.
Et l’assurance, la générosité, la disponibilité du fort que sont-elles ? elles peuvent (elles doivent) être de la vertu. Mais elles ne sont point cela d’abord ; elles sont un cadeau de la nature ; ils ont la chance d’être ainsi.