

Ci-joint, lien vers les articles précédents : "Honneur à Mérigny"
Rebondissement sur un ouvrage
L’abbé Pierre-Marie Berthe (Prieuré d’Urmatt – Strasbourg – FSSPX) a passé en 2019 un Doctorat en Droit canonique. Il a commis un ouvrage sur le sujet suivant : Les dissensions ecclésiales, un défi pour l’Église catholique.
La Fraternité de la Transfiguration (Mérigny) alors a réagi dans son bulletin « La Simandre ».
L’abbé Berthe a demandé un droit de réponse. Loin de sortir de son mauvais pas, l’ecclésiastique s’enfonce plus bas encore, dans un marécage aux sables mouvants.
Nous publions ci-dessous cet échange. Tandis que l’abbé Berthe s’enfonce, Mérigny tranche dans le vif avec autant de brio que de simplicité. Prêtres de bonne doctrine et d'expérience, les Pères de Mérigny manient "la prudence du serpent et la simplicité de la colombe".
Évangélique !
Honneur à eux !
Martin Dalbanne
13 juillet 2020
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Droit de réponse
Dans nos deux derniers numéros, nous évoquions nos réserves à propos de l’ouvrage Les dissensions ecclésiales : un défi pour l’Église, dont par souci de discrétion nous ne mentionnions pas l’auteur. Il se trouve que cet auteur nous a contacté, nous demandant un droit de réponse car il estime que nous déformons sa pensée. Nous accédons à la demande de Monsieur l’Abbé Pierre-Marie Berthe (FSSPX). Celui-ci comprendra que, vu les modestes dimensions de notre Simandre, nous ne pouvons pas reproduire in extenso sa réponse ; nous tâchons d’en donner l’essentiel ci-dessous, avec quelques commentaires. Commençons par préciser que n’avons jamais eu l’occasion de rencontrer Monsieur l’Abbé Berthe. Cette polémique ne relève donc pas d’une question de personnes ; elle n’est pas non plus le résultat d’une opposition entre nous deux Fraternités qui, dans deux cours différentes, participent au même combat de la foi depuis 50 ans.
Citation de la lettre de Monsieur l’Abbé Berthe :
« Au sujet des relations entre Rome et la Fraternité St-Pie X : Un chapitre de mon livre relate les péripéties de celles-ci. Il rappelle que de 1970 à aujourd’hui les divergences sont d’ordre doctrinal et liturgique essentiellement. Néanmoins ils manifestent que ce grave désaccord n’a pas empêché les deux partis d’échanger en vue de trouver une solution juridique avec une base doctrinale. De fait, le 5 mai 1988, Mgr Lefebvre approuve un protocole d’accord, qu’il rejette le lendemain. Parmi les diverses interprétations de cette rupture, j’ai écarté l’hypothèse doctrinale et liturgique, car rien ne montre que Mgr Lefebvre ait jugé les énoncés de ce texte dangereux pour la foi ou périlleux pour le maintien du rite traditionnel. Lui-même admet d’ailleurs dans une conférence donnée à Ecône le 9 juin 1988 que ce document était en soi « acceptable ». En réalité, Mgr Lefebvre retire sa signature, parce que ses échanges avec le cardinal Ratzinger lui laissent penser que Rome ne tiendra pas tous ses engagements. La mise en œuvre d’un protocole d’accord relève de la pastorale (…). Les craintes de Mgr Lefebvre reposent sur un fait objectif, l’absence d’une date certaine pour la consécration d’un évêque. Par ailleurs je souligne que les tentatives de rapprochement canonique qui ont eu lieu en 2012 et 2017 ou échoué pour des raisons cette fois-ci doctrinales, en raison de l’incapacité à trouver une formule qui donne satisfaction aux deux partis. Il y a donc là une différence avec 1988 qui me paraît importante à souligner. »
Commentaire : le contexte dans lequel Monseigneur Lefebvre a affirmé que le protocole d’accord était en soi acceptable ne nous est pas connu, mais dans la revue Fideliter n° 79 (janvier-février 1991), p. 11, Monseigneur émet ces propos : « Oui bien sûr j’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’à Rome on témoignerait d’un petit peu de loyauté. On ne peut me reprocher de ne pas avoir fait le maximum. Aussi maintenant, à ce qui viennent me dire : il faut vous entendre avec Rome, je crois pouvoir dire que je suis allé plus loin même que je n’aurais dû aller. » À la réflexion Monseigneur ne dit plus tout à fait que ce protocole était « acceptable ».
La grande question, dans cette affaire, est de savoir s’il y avait, et s’il y a encore, état de nécessité dans l’Église, au point que puisse se justifier un acte aussi grave et inhabituel qu’un sacre épiscopal sans mandat pontifical. Et il nous semble tout de même qu’à l’époque de Jean-Paul II, tout autant qu’aujourd’hui sous le pape François, cet état de nécessité est incontestable et relève avant tout de la doctrine. Et il nous paraît pour le moins périlleux de laisser entendre qu’en 1988, la question était davantage canonique que doctrinal ; cela, même si Mgr Lefebvre, fort d’une prudence et d’une expérience incomparables, a pu entretenir des négociations d’ordre canonique avec les autorités romaines. Cela ne saurait laisser le moindre doute sur le fait que chez lui, c’est la défense de la vérité qui primait sur les « combinazione » diplomatiques.
« Au sujet de l’œcuménisme : Mon livre consacre deux chapitres à une étude critique de l’œcuménisme, tel qu’il est mené depuis Vatican II. Il est regrettable que la Simandre n’en parle pas (…). Je critique les principes qui fondent l’œcuménisme conciliaire et je demande la révision des lois qui encadrent sa pratique notamment le canon 844 sur la communicatio in sacris et le canon 1125 n° 2 sur les mariages mixtes. La Simandre s’offusque que je recommande échanges et prières entre catholiques et baptisés non catholiques dans un cadre codifié par le législateur. Ce faisant elle semble ignorer l’instruction romaine Ecclesia catholica du 20 décembre 1949 qui l’admet à certaines conditions (…). Ce document n’a jamais été remis en cause par Pie XII. Avec le recul du temps, il est possible certes de porter un regard critique sur ce texte mais il n’est pas juste de faire comme s’il n’existait pas (…). L’approche prudente, qui n’exclut pas quelque audace, de ce pontife réformateur a guidé ma réflexion. Dans la crise présente, la Fraternité St-Pie X a toujours considéré que l’enseignement du pape Pie XII offrait des repères sûrs et un point d’équilibre. »
Commentaire : Dans la crise présente, qui atteint des dimensions inimaginables depuis que le pape François siège au Vatican, il nous semble pour le moins inopportun de donner comme référence l’esprit irénique qui était promu dans les années 1950. Était-il alors judicieux de promouvoir cet esprit, et Pie XII l’approuvait-il pleinement, voilà qui peut être l’objet de doutes ou de discussions (à cette époque, les tenants du faux œcuménisme actuel étaient déjà à l’œuvre ; d’ailleurs cette instruction était d’un ton dans l’ensemble nettement restrictif, relativement à l’attitude de certains milieux catholiques épris de faux œcuménisme). Ce qui en revanche est certain, c’est qu’aujourd’hui, en période de remise en cause générale et de relativisme total - jusque dans les plus hautes sphères de l’Église, hélas ! -, il est du devoir du tout catholique fidèle de conserver les positions les plus sûres. Aussi persistons-nous à refuser toute compromission avec l’esprit œcuméniste qui fait du dialogue une pratique vertueuse en soi. Notre foi est attaquée comme jamais, ce n’est pas le moment de promouvoir l’« esprit d’Assise », qui a tant contribué à aligner l’Église sur le monde indifférent ou hostile. Dans sa Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 88 de mars 2020 le Supérieur du District de France de la FSSPX écrit : « Dans la situation actuelle de l’Église, nous avons des instruments certains qui sont l’Écriture, le catéchisme, saint Thomas d’Aquin, le Code de droit canonique de 1917, le magistère authentique des Conciles et des Papes, les écrits de théologiens reconnus et des saints, etc. » : références autrement plus solides que le catéchisme de l’Église catholique 1992, qui a servi de base à l’ouvrage de notre confrère (comme il écrit lui-même en p. 24 de l’introduction) ; peut-être est-ce d’ailleurs dans ce même Catéchisme que l’on trouve l’origine de cette précision surprenante : « Les baptisés non catholiques sont des chrétiens dissidents en communion imparfaite » - p. 25, ibidem).
Note ajoutée par nous :
Introduction de l’ouvrage, p. 24 : « Le point de vue adopté est celui de l’Eglise catholique, tel qu’il apparaît dans les textes officiels de son magistère. » – Note explicative en bas de page : « L’ensemble de cet enseignement est aujourd’hui synthétisé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992). Ce catéchisme publié trente ans après l’ouverture du concile Vatican II, fut souhaité par le synode des évêques de 1985 comme instrument au service de la catéchèse. »
La Simandre
Fraternité de la Transfiguration
3 – « Le Bois »
36220 Mérigny
Mars à juin 2020, p. 4 et 5