
Dieu le veult !
Nouveau sultan des temps modernes, le président turc Recep Tayyip Erdogan a rendu par décret le 10 juillet 2020 au faux culte d’Allah la Basilique Sainte-Sophie. Son rêve est l’extension de l’islam.
Voici en réponse quelques textes lumineux du Cardinal Pie, évêque de Poitiers. Le digne successeur de saint Hilaire donne les principes tant oubliés de nos jours par ceux qui portent... mitre !
Abbé Dominique Rousseau
3 septembre 2020
Fête de saint Pie X
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« Ces guerres que la Croix de Jésus-Christ a immortalisées en leur donnant son nom sont l’énergique résistance d’un peuple qui vit de la vie de l’esprit contre les envahissement d’un peuple qui menace de tout asservir à la loi de la chair. Le sensualisme ottoman se faisant agresseur sous la bannière du croissant, le spiritualisme chrétien se défendant sous la bannière de la Croix ; l’islamisme se répandant comme une lave impure sur tout le sol de la chrétienté, la chrétienté allant frapper au cœur son implacable ennemi jusqu’à ce qu’elle l’ait assez affaibli pour n’en plus rien craindre : voilà, sous son jour le plus naturel et le plus philosophique, toute l’histoire des croisades ; combat à outrance dans lequel l’esprit est demeuré vainqueur de la chair. »
I-71/72 - Panégyrique de saint Louis, le 27 août 1848
« Les croisades, mes Frères, on nous demande de les désavouer ! Eh ! quoi donc ? le détracteur des croisades est-il encore chrétien ? est-il encore Français ? lui qui jette un outrage à dix siècles de l'histoire de l'Église, à dix siècles de l'histoire de France. Les croisades ? Mais, sans avoir toujours porté ce nom, elles n'ont jamais été interrompues depuis Charles Martel jusqu'à Sobieski ; et entre ces deux grands noms sont venus se ranger les noms de Charlemagne, de Godefroy de Bouillon ; de Tancrède, de Philippe-Auguste, de saint Louis ; et mille autres noms couronnés par ceux du grand-maître La Valette, et de Don Juan vainqueur sur le golfe de Lépante. Les croisades ? Mais c'est l'œuvre de la papauté et des conciles depuis Urbain II et son incomparable discours dans le concile de Clermont, jusqu'à saint Pie V et son ardente prière suivie d'une céleste révélation ; c'est l’œuvre qu'ont applaudie, encouragée tous les saints, depuis saint Bernard enflammant, l'ardeur de Louis le Jeune et de tous les évêques et barons assemblés dans la cathédrale de Chartres (Op. Bernard, epist. 256 et 364. - Breviar. Carnot, 20 Aug.), jusqu'à saint François de Sales prêchant dans Notre-Dame de Paris l'éloge funèbre d'Emmanuel de Mercœur, le dernier des croisés français, et cherchant à rallumer dans l'âme d'Henri IV une dernière étincelle de ce feu sacré qui allait s'éteindre (Or. fun. d'Emm. de M. - On y lit : « Ah ! que les Français sont braves quand ils ont Dieu de leur côté !... Qu'ils sont heureux à combattre les infidèles !..; Aussi plusieurs estiment que ce sera un de vos rois, ô France, qui donpera le dernier coup de la ruine à la secte de ce grand imposteur Mahomet ». Et après la mort d'Henri IV, le saint prélat écrivait : « Certes il semblait bien qu'une si grande vie ne devait finir que sur les dépouilles du Lévant, après une finale ruine de l'hérésie et du Turcisme ». Epist. 83, édit. 1652).
Les croisades ? Je dis plus ; c'est l'œuvre de Dieu, de Dieu lui-même, tranchant la question par les miracles, les prodiges les plus authentiques. Dieu le veult, Dieu le veult ! s'écriaient les peuples à la voix du pontife suprême.
Comment le savaient-ils, sinon parce que Dieu avait parlé ? Mes Frères, c'est une grande témérité à des chrétiens de revenir sur la chose jugée, jugée dans le conseil sublime des cieux, notifiant la sentence par d'incontestables merveilles enregistrées dans l'histoire en caractères indélébiles.
Au reste, dans ce siècle où tous les faits sont devenus des droits et obtiennent les honneurs de l'apothéose, dans ce siècle, qui affecte de sanctionner l'entraînement même le plus aveugle et le plus irréfléchi des multitudes, quelle inconséquence que de renier la plus longue la plus importante et la plus populaire de toutes les révolutions survenues en Europe et de déchirer à plaisir les plus magnifiques pages de l'histoire de notre pays !
‘Nous ne sommes plus au temps des croisades’, me dites-vous ? Certes, je le sais trop. Non, nous ne sommes plus au temps des luttes de l’esprit contre la matière ; non, nous ne sommes plus armés de la Croix pour combattre les sens. L’âme a consenti à une trêve déshonorante ; elle a capitulé ignominieusement et s’est abandonnée à la merci de son adversaire. Plongés que nous sommes dans la boue de l’égoïsme et de la cupidité, asservis par les intérêts et comme ensevelis dans la chair, non, vous avez raison de le dire, nous ne sommes plus au temps des croisades. Mais en cela vous enregistrez officiellement l’acte de condamnation de notre siècle. Et, dussiez-vous sourire de dédain, je ne crains pas de l’affirmer, ce qu’il nous faut, sous peine de mourir, c’est de revenir aux croisades : non pas contre les Turcs, nos pères les ont vaincu sans retour ; mais contre leur religion sensuelle, ou plutôt contre un sensualisme irréligieux qui a envahi nos mœurs et qui semble menacer notre société d’une dissolution prochaine. »
I-81 - Panégyrique de Saint Louis, le 27 août 1848
« L'impulsion des conciles fit échapper l'Europe aux rigueurs du sabre, aux ignominies du sérail, en même temps qu'elle rendit l'Évangile victorieux du Coran. Le parti des croisades n'était que le grand parti de l'ordre dirigé par des vues surnaturelles ; et enrôlé par l'Église pour la triple défense de la religion, de la famille et de la société. »
I-208 - Instruction pastorale sur l’importance religieuse et sociale des conciles, le 26 juin 1850
« …S'il (le 19° siècle) a comme accumulé à l'entrée de la seconde moitié de ce même siècle les éléments les plus régénérateurs, je veux dire, les conciles, les croisades (car l'expédition de Rome en est une)… »
I-485 - Homélie pour la promulgation du titre de Docteur conféré à saint Hilaire, le 13 janvier 1852
« Cependant, au milieu de ces conquêtes de la croix, voilà qu'un imposteur a paru, un ennemi de la croix. Les fils de Mahomet ont envahi l'héritage du Christ. Ô larmes, ô désespoir, la cité sainte est leur possession ! La croix de Jésus est tombée entre leurs mains. Levez-vous, levez-vous, peuples chrétiens ! Aussi bien la longue prospérité vous avait été funeste ; la persécution manquait ; il fallait un bain pour vous purifier. Partez, partez vers le tombeau du Christ ! Mes Frères, les voyez-vous ces armées d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, qui s'arrachent à tout ce qu'ils ont de cher à leur patrie, à tous leurs intérêts matériels ? La croix brille sur leur poitrine ; leur expédition, tous les siècles la connaîtront sous le nom de croisade. C'est l'honneur de la croix qu'ils vont venger ; c'est le Calvaire qui attire toute cette foule, composée de tous les peuples : Omnia traham ad me ipsum. »
Œuv. Sacerd. II-174 - Instruction prêchée dans la chapelle du Calvaire, à la cathédrale de Chartres,
le jour de l’Exaltation de la Sainte Croix, le 14 septembre 1843
« Les croisades, ces guerres chrétiennes qui seront l'éternel honneur de la France, ne sont qu'un plus large développement de l'expédition de vos pères. Et après que la noble ardeur des croisades s'est éteinte dans l'âme des princes et des rois, la flamme sacrée qui anime encore le zèle des papes, le zèle des chevaliers chrétiens et des moines-soldats, c'est cette noble passion que votre évêque-soldat a si bien nominée l'amour de la foi et de la sainte chrétienté : Pro amore fidei et sanctæ christianitatis. »
III-509 - Discours pour la réception des reliques de saint Emilien, le 8 novembre 1859
« Il serait ambitieux et prématuré peut-être de prononcer le mot de croisade. Disons pourtant que ce grand mot, si souvent détourné de son sens par de criminelles ou de téméraires acceptions, n'aura jamais eu dans les temps modernes une application plus exacte. Est-ce que les anciennes expéditions de la chrétienté se proposèrent un but plus directement religieux que celle-ci ? N'est-il pas vrai que la suprématie spirituelle et l'indépendance du pontife romain appartiennent à l'essence même du christianisme ? Certes, Jérusalem est et sera toujours pour les chrétiens un grand et incomparable souvenir ; mais Rome seule est pour les chrétiens une nécessité.
C'est là que le Christ accomplit sa promesse d'être avec nous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles. C'est de là que sa croix toujours vivante rayonne sur l'occident, patrie de la civilisation, et sur le reste de l'univers pour l'illuminer et le vivifier. L'antique Sion conserve les monuments et les traces de la douloureuse passion du Christ ; mais c'est Rome, la Jérusalem nouvelle, qui est devenue le réservoir et le vase du sang rédempteur, c'est elle qui le verse et qui le sert au monde entier par tous les canaux de la juridiction, par tous les conduits du sacerdoce.
Jérusalem, c'est notre histoire ; Rome, c'est notre vie. L'islamisme, en faisant peser l'oppression sur Jérusalem, insultait à nos lieux d'origine, et nous blessait dans ces affections délicates qui attachent tous les cœurs généreux à la terre natale : la révolution, en se ruant sur Rome, vise à la tête et au cœur de la chrétienté, elle l'attaque dans les parties nobles et dans les organes mêmes de la respiration et de la vie.
Frappez au visage : Vultum feri, tel est en ce moment le cri de guerre des fils de Bélial. Ils savent que l'antechrist, dont ils sont les éclaireurs et les pionniers, aurait gain de cause le jour où Rome deviendrait le siège définitif de leur empire ; aussi, pour acheter cet avantage, indiquent-ils parfois à demi-voix, par la bouche des méchants et par celle des utopistes ou des dupes, la perspective de refaire un trône au vicaire de Jésus-Christ sur le sépulcre de Jérusalem : comme si la pierre fondamentale de l’Eglise pouvait être remuée arbitrairement par la main des hommes ! comme si elle pouvait légitimement être retirée de l'emplacement déterminé par la volonté divine ! On peut donc le dire avec assurance : dans la question actuelle, dans la question romaine, comme on est convenu de parler, ce sont les intérêts les plus graves, les plus considérables du christianisme qui sont en jeu. Si la résistance à l'ennemi n'est pas cette fois une lutte religieuse, n'est pas une croisade, aucune lutte n'aura jamais mérité ce nom. »
III-643/645 - Lettre circulaire relative à l’enrôlement et à l’emprunt
pour venir en aide au gouvernement pontifical, le 26 juin 1860
Cardinal Edouard Pie, Evêque de Poitiers